Dans les années 2000, Guy Régis Junior s’associe à une dizaine de comédiennes et comédiens, au sein du Collectif Nous Théâtre, pour réanimer l’inertie mortifère des scènes d’alors. Répondre, dans cette Haïti de l’époque, à la banalisation du corps en exhibant le corps de l’acteur-militant… telle a été la réponse rhizomique apportée par Nous Théâtre à la violence généralisée d’une époque qui en rappelle une autre…
Dans un pays comme le nôtre, où la parole a été détournée, ou la parole a drainée les passions les plus folles, les plus meurtrières, placé le corps avant la voix a été une manière symbolique de ressusciter ce corps désarticulé, meurtri, avili et laissé en pâture aux morsures du temps ; oui ! Tel a été le parti des mises en scènes de Nous Théâtre – ce Collectif de rêveur dirigé par un Diable Rebelle (BAKA), Guy Régis Junior.
Après les années Nous Théâtre, non loin de s’assagir on retrouve Guy Régis Junior dit Baka, çà et là, entre deux scènes, deux festivals, questionnant l’humaine condition des mises en scènes d’aujourd’hui…
Qu’il soit acteur, metteur en scene, auteur ou directeur de festival, Baka pose toujours son regard là où rien ne se passe sur la scène. Là où la mise en scène doit concéder sa part d’humanité au regard ravi des spectateurs ayant été conviés à être les témoins privilégiés de la déchéance séculaire de l’Etre. C’est cette expérience dramaturgique, unique, contemporaine que le festival de théâtre En lisant pour sa cinquième édition invite le public haïtien d’aujourd’hui à découvrir et / ou redécouvrir dans un contexte historique si particulier.