Né un 26 septembre, Rolaphton Mercure plus connu sous le pseudonyme de Rome est comédien, acteur, metteur en scène et écrivain. Devenir acteur a toujours été son rêve. “C’est d’ailleurs ce que les gens ont toujours vu en moi”, se plait-il à évoquer. Dès sa plus tendre enfance, livres, radio, télé, tout ce qui se trouvait dans le champ du métier formait son terrain de jeu. Si son aspiration se penchait plus vers le cinéma, il a dû d’abord passer par la case théâtre, parce que, d’après les conseils de ses proches à l’époque, c’était le meilleur raccourci pour arriver au cinéma à en Haïti. Ainsi, en 2007, il est allé voir “L’élection d’Alexandre Sutto” de Benoît Vitse à l’Institut Français en Haïti, où il va faire la connaissance de Farid Sauvignon et Katiana Milfort, deux grandes figures du théâtre en Haïti, dans leur génération.
« J’aurais pu être n’importe quoi, n’importe qui mais j’ai choisi le hasard du jeu, l’instantanéité de la scène, la fulgurance de l’interprétation. C’est ma raison d’être. J’écris des pièces que j’aime plutôt appelées des propositions théâtrales, je mets en scène et j’interprète aussi. Trois manières de voir le monde, trois manières de frôler le divin, d’être trismégiste : « Quand j’écris, je cogne. Quand je monte, je rabote. Quand j’interprète, je transcende » : raconte Mercure.
Pour lui, tout a commencé par le cinéma : la lumière, les costumes, le scénario et la facilité qu’avait les protagonistes à se mettre en place. Ce fut d’abord un appel, puis un vertige qui, au fil des ans est devenu son métier. À ce propos, Jim Carrey est son acteur fétiche. Ne connaissant personne d’autre ou encore aucune scène, son seul repère a été le burlesque de Jesifra jusqu’en 2007 où sa vie d’acteur va prendre un autre tournant.
Depuis, comme il l’a si bien avancé, son sort était scellé. L’année suivante, il a monté sur scène avec Kétsia Vaïnadine Alphonse sous une mise en scène de Patrick Joseph. Cette même année, il avait intégré la troupe du metteur en scène « THEATRON » avec qui il a appris les bases du métier avec entre autres Ketsia Vaïnadine Alphonse, Sionel Dorcély, Jean Samuel André, Cavia Mondésir, Ralph Théodore, Jenny Cadet, Steeve Noël, Max Prévilon, Pascale Julio, pour ne citer que ceux-là.
En 2010, il a intégré la troupe de comédie musicale de Bertrand Labarre : Haïti en Scène où il a eu des formations en chant, danse, scénographie, « arthérapie » et théâtre forum. Grâce à cela, il a passé deux ans à sillonner le pays entier en tant que comédien ou assistant à la mise en scène tout en sensibilisant les gens contre la violence envers les femmes, la manipulation de l’information, le harcèlement sexuel, la traite et la domestication des enfants. Sans oublier ce qui fut, l’une de ses plus glorieuses représentations en 2011, à son sens « La cité des Lumières », un spectacle énorme qui s’est tenu au stade Sylvio Cator et aussi plein de soirée cabaret.
En 2012, il a fait sa première participation au festival Quatre Chemins avec la pièce de Marivaux « le jeu de l’amour et du hasard » sous la mise en scène de Jean René Lemoine. Cette même pièce, il l’a jouée au festival “Les Francophonies de Limoges”. Sa première tournée nationale c’était avec le collectif Hors-Jeu en 2015. Et sa deuxième, avec le projet de son collaborateur Pinas Alcera “32 ans après” en 2018.
L’année de 2010 a été assez significatif dans le parcours du trismégiste, car il en a aussi fait ses débuts cinématographiques. Son ami Patrick Joseph devrait jouer dans une pub mais comme il allait partir en voyage, il lui a proposé auprès des réalisateurs et c’est ainsi qu’il s’est incrusté dans cet univers grâce à Muska Productions. On le retrouvera, plus tard dans plusieurs publicités. En 2013, il a été parmi les acteurs qui ont doublé en créole Assistance Mortelle de Raoul Peck. Ensuite en 2014, il a eu une formation dans une école de cinéma avec une spécialisation en réalisation et écriture de scénario. “Ce qui m’a permis d’aiguiser encore plus mon sens du détail, le rythme dans le dialogue et ma sensibilité en tant qu’acteur,” explique-t-il. Puis, il a joué dans Meurtre à Pacot. Après il y a eu KAFOU de Bruno Mourral en 2016, et plus récemment, FREDA de Géssica Généus en 2020 et MALATCHONG de Bruno Mourral en 2021.
Rome est un vrai amoureux du jeu qui décrit le théâtre et le cinéma comme l’une des plus belles prouesses de l’humanité, la géométrie des corps dans un espace créé. A ses yeux, le théâtre est l’envers du quotidien, “le cinéma dépend lui-même de beaucoup d’éléments extérieurs pour exister mais c’est quand-même une cérémonie divine, un opéra magique où chaque partition a pour mission d’exulter le téléspectateur. Deux disciplines sœurs dont la mission reste et demeure l’exacerbation de la beauté suivant le regard esthétique de l’auteur” décrit le metteur en scène non sans un soupçon de passion.
A côté du théâtre et le cinéma, il dit s’intéresser à la bande dessinée, le pop art et l’art culinaire. Il dit attendre le bon moment pour se lancer. Entretemps il vit sa transcendance en étant hors temps sur la scène
Mydna St Cima et Rebecca Odéna
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