Guy Régis Junior est comédien, dramaturge, metteur en scène, poète et éclairagiste à la troupe NOUS. « Jeune adolescent, à la rue Charreron, mon quartier quand les gosses sifflaient les jeunes filles, j’écrivais des poèmes, apprenais les mots dans le dictionnaire Larousse » se souvient-il. Sur les conseils de sa mère, il s’inscrit à la bibliothèque de l’institut français d’Haïti. « Depuis, ce lieu de la culture m’est devenu une deuxième maison. C’était terrifiant de voir tous ces livres empilés de mises en scènes contemporaines de Tadeuz Kantor, Tzevold Mayerhold, Rodrigo Garcia » affirme Guy Régis Junior. Là, il apprend à aimer, à choisir le théâtre. Dans les livres, Guy Régis Junior apprend à se passionner pour la poésie, la littérature. A l’Institut Français, il suit des cours sur le théâtre vers 1995 et 1996, animés par le comédien français Hervé Chapelle, de passage en Haïti.
« J’ai rencontré plein de gens, des professionnels du théâtre. Mais je me suis surtout formé grâce à mes années passées à travailler comme éclairagiste de spectacles. » Raconte-t-il. Il travaille en collaboration avec des musiciens, des danseurs et hommes de théâtre haïtien et étrangers qui présentent leurs spectacles à l’Institut français. Ce fut la belle époque à la cité de l’Exposition internationale, le Bicentenaire, et cela lui donne une perception plus large du théâtre comme art de la scène à part entière d’un cri, d’une forme, d’un tableau, d’un roman… » Son théâtre dit, crie. Il puise ses sujets partout : dans l’actualité, les scènes de rue, les exhibitions d’un fou, ses paroles, schizophréniques. Je m’inspire, d’un flamboyant qui pousse, dans un tableau de Cédor, dans le bleu (ah, j’adore le bleu).
En effet, Guy Régis Junior avoue faire toujours référence au bleu dans ces pièces. « Ce dont je suis certain, c’est que l’homme indigné des oreilles doit chercher à atteindre ce qu’il a à dire, ne serait-ce que pour éclairer nos lanternes. Nietzsche, Sartre et Camus n’étaient pas Haïtiens mais leurs cris étaient authentiques. » Avance-t-il.
Tout ce qui est immobile sans vie m’est flasque et insupportable
Les créations de Guy Régis Junior sont différentes les unes des autres. Le metteur en scène progresse dans son travail. « Sinon il faudrait m’arrêter net, trouver un autre métier ». Il travaille sur la mise en scène de la pièce de cet auteur suisse Max Frisch, Monsieur Bonhomme et les Incendiaires, qui sera présentée à la 3e édition du « Festival des Quatre Chemins » en 2006.
Le mouvement apparaît comme le temps fort dans la création de Guy Régis Junior. « Dans mes spectacles, c’est par là qu’interviennent mes propres sensibilités. Guy Régis Junior déclare appartenir au siècle du mouvement. « Tout Ce qui est immobile, Sans vie m’est flasque et insupportable » Confie-t-il. La jouissance textuelle est fortement présente dans mes mises en scène. Cela vient de sa formation de poète, le poète des gestes et des mots qu’il est. La musicalité imprègne Etienne aurait dit la sensualité ». Cette grammaire des gestes, s’est constituée au fil des créations, des séances de travail avec des comédiens. Le metteur en scène et ses acteurs travaillent à la création d’un langage théâtral propre à NOUS.
Chenald Augustin
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