Lesly Maxi est comédien et metteur en scène de profession depuis une décennie. Il a fait du théâtre-forum l’une de ses spécificités. Pour lui, la scène est un haut lieu de remise en question de la société.
Né le 22 février 1985 à Saint-Marc, Lesly a fait une partie de ses études classiques à Saint-Marc et l’autre tranche à Port-au-Prince. Il a aussi étudié la psychologie à la Faculté d’ethnologie de l’Université d’Etat d’Haïti.
Dans son théâtre, la plupart du temps interactif, il plaide la cause des femmes et des filles martyrisées, entravées, marginalisées. Il prête sa voix et son corps à de multiples minorités, à des communautés opprimées, oppressées. Raison pour laquelle son théâtre est un outil de combat.
Le théâtre : la trace du frère
Pour arriver au théâtre, dans le cas de Lesly Maxi, il a fallu un chemin particulier et c’est celui d’un frère : “ À mes débuts, je suivais la trace de mon grand frère. Il avait une troupe et j’étais attiré par ce qu’il faisait, puis tout jeune j’ai commencé avec lui à pratiquer le théâtre” a-t-il dit.
“Le théâtre, je le faisais en amateur avec des camarades, c’était comme ça à l’époque, des montages de texte. Puis j’ai intégré la troupe Karako Vanyan et, à la fin de mes études, je suis rentré à l’école d’art dramatique (Petit Conservatoire, école de théâtre) dirigé par Daniel Marcelin. Une fois diplômé, j’ai suivi des stages en Belgique au Conservatoire Royal de Liège. En 2013, j’ai le métier sous la main et commencé à l’appliquer professionnellement”, a expliqué Lesly qui, en dehors de sa formation académique, pense que les troupes et les metteurs en scène avec lesquels il a travaillé ont grandement contribué à sa formation comme comédien et metteur en scène.
Il faut dire que Lesly Maxi est aussi conteur et dramaturge. C’est un homme qui, en dehors de ses formations académiques, croit que ce sont les livres sa boussole, les ateliers qu’il anime avec sa compagnie Récif Création, les spectacles auxquels il a assisté. En fin de compte, il croit qu’on apprend beaucoup des autres et même en tant que moniteur.
Alors, que représente le théâtre pour lui ? “Le théâtre c’est mon arme et c’est également mon bouclier. Le théâtre c’est mon ombre, tout dans ma vie tourne autour de l’art et particulièrement le théâtre. Au théâtre j’ai rencontré ma femme qui est aussi comédienne, est-ce que tu peux comprendre que notre mariage était une mise en scène, je me suis marié en acteur, sur scène. Ma fille est le fruit du théâtre c’est pourquoi elle s’appelle Bel-Art. Mon travail de sortie à Faculté d’ethnologie va se porter sur le théâtre, une rencontre entre la psychologie et les arts. Je ne peux pas réfléchir sans le théâtre”.
Tout est noyé par le théâtre
Est-ce qu’il y a eu réellement un événement qui a poussé Lesly Maxi à faire du théâtre sa profession ? Il ne le pense pas. “Je crois plutôt que c’est tout simplement en moi. Dès mon enfance je pratiquais le dessin, je travaillais sur le portrait, mais en grandissant j’ai abandonné le crayon pour la scène. Et ce parcours a débuté à l’école avec des camarades et les membres de ma famille en imitant mon grand frère. Tout ce que je sais faire d’autre dans les arts sont noyés pour laisser vivre le théâtre” a-t-il raconté.
Des prestations qui restent gravées dans son cœur, il y en a plusieurs comme Le balayeur et la rose » en 2013, qui a été mis en scène par Yanick Cochand et John Fritz Evens Moïse, spectacle avec lequel ils ont fait une tournée en Suisse, mais aussi « Gouverneur de la rosée » en 2014, mise en scène de Daniel Marcelin, joué au festival Cap Excellence en Guadeloupe. Il a aussi cité « Une femme, deux hommes », en 2015, sous la direction de Ronald C. Paul, « Abattoir », en 2016, mise en scène de Miracson Saint-Val et « Victor ou les enfants au pouvoir », en 2019, qui a été monté par Michèle Lemoine”.
Quant à ses travaux comme metteur en scène de 2014 à nos jours, il dit ne pas pouvoir faire une auto-évaluation, mais il sait qu’il a grandi. “Le souci dans tout ça, c’est qu’on n’a pas la même chance de faire une grande quantité de représentations, dès fois le public n’a pas vraiment la chance de voir le spectacle. On crée parce qu’on doit créer. Mais je suis fier de mes travaux, des pièces comme « 35 secondes » en 2014, « La grammaire du mensonge » en 2015, « Les immortelles » en 2016, « Mèt-Dam » « Mitan Poto » en 2017-2018, « Passation » « Mak pye solèy » en 2019, « P’tit Conte » en 2020, « Egal ego » en 2022, « kri Tifi » « Kite Yo » en 2023. Y compris de ma présence constante sur les réseaux sociaux sur le nom de Plume Sauvage avec mes contenus”.
Lesly est fasciné par le fils du théâtre qu’est le « cinéma » : “Je ne sais pas, dès qu’il s’agit d’acting, de direction d’acteur, je suis prêt à me donner à fond. Alors le cinéma m’intéresse beaucoup. En attendant que j’arrive à décrocher un vrai contrat professionnel dans cette industrie, je réalise moi-même des séries audiovisuelles et les diffusent sur les réseaux sociaux”.
Pour Lesly, “le théâtre est la représentation de la vie sur scène. Et, sur scène, il dit ressentir de “la rage, la folie, la joie, l’enthousiasme de faire et de dire ce que certains n’arrivent peut-être pas à témoigner”.
A propos de ses plus grands projets pour la suite de sa carrière artistique, Lesly dit vouloir rentrer dans le cinéma : “Je souhaite me voir un jour décrocher un très bon contrat à Hollywood, et pourquoi pas. Et, au théâtre, trouver la possibilité de réaliser mes projets les plus ambitieux qui paraissent comme des folies. Enfin, pouvoir mettre sur pied une vraie industrie pour le secteur théâtral en Haïti”.
Carl Pierrecq
Parcours artistique
2013 : Balayeur et la rose, Mise en scène Yanick COCHAND et John Fitz Evens MOISE
2014 : Gouverneurs de la Rosée, adaptation et mise en scène de Daniel MARCELIN
2014 : Troufoban, mise en scène par Johny POSY
2015 : Danma et Doremirako, mise en scène par Daniel MARCELIN.
2015 : 50 Tapes, Texte et Mise en scène de Marc Edouard JEAN
2016 : Une femme deux hommes, texte et mise en scène Ronald C. PAUL
2017 : Abattoir mise en scène de Miracson ST-VAL et assisté par Billy ELUCIEN
2018 : In Memoriam, texte de Jean-René Lemoine et mise en scène par Miracson ST-VAL. 2018 : Thyeste, pièce de Sénèque et mise en espace par Toussaint CARRELIEN au festival 4 chemins.
2019 : Victor ou les enfants au pouvoir, pièce de Roger Vitrac et mise en scène par Michèle LEMOINE.
2019 : La cathédrale des cochons, texte de Jean D’Amérique et mise en place de Staloff TROPFORT.
2020 : Jeux de massacre, Lecture en ligne conduite par Michèle LEMOINE.
2020 : Lecture spectacle, texte de Ar Guens JEAN MARY
2021 : Nan Govi, mise en scène par Staloff TROPFORT
2022 : Mo-Vè, Textes collectifs et direction artistique Lesly MAXI
2022 : Pourtant je m’élève, Textes collectifs et direction artistique Miracson ST-VAL
2023 : Vwa libere, Textes collectifs, direction artistique Lesly MAXI
2023: Port-au-Prince et sa douce nuit de Gaëlle Bien-Aimé, mise en scène de Michèle LEMOINE
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