Yvenie Paul est comédienne et actrice de profession. Elle est née le 6 novembre 1988 à Port-au-Prince. C’est par un hasard bienheureux qu’elle s’est trouvée sur le chemin du théâtre. Et depuis, elle a fait de ce grand art la voie royale qui mène à l’épanouissement de sa personne et c’est aussi un canal par lequel elle dialogue avec le monde qui l’entoure.
Comment vit-elle ses expériences de scène ? “Je n’ai jamais pu décrire ce que je vis quand je suis sur scène, et je me dis que c’est tant mieux car peut-on vraiment inventer un mot pour décrire la transcendance ?”
Evidemment, Yvenie Paul est une personne qui transcende son corps par la danse d’abord, ensuite par le théâtre, et aussi bien par le cinéma. Avec toutes ces formes artistiques, ajouté à cela les feuilletons radiophoniques et les sketchs pour la télévision auxquels elle a pris part, on peut dire, de toute évidence, que l’existence de cette femme est riche en couleurs.
Une affaire de rôle
Le début de Yvenie Paul au théâtre est une histoire assez curieuse et c’est ainsi qu’elle la raconte en peu de mots : “je me souviens avoir accompagné une amie à une réunion de la Compagnie de théâtre Ami dans le but d’une réactualisation de ladite compagnie. Chemin faisant, je me suis retrouvée à reprendre le rôle qu’une autre personne devait camper pour une représentation dirigée par Patrice Daniel Frédéric en marge du lancement de Raj Magazine. On était en 2008. Et à ce moment-là, j’étais loin de me douter que ce simple fait de remplacer quelqu’un allait faire grandir en moi une véritable passion pour les arts de la scène”.
Le théâtre n’est pas la première discipline artistique qu’Yvenie Paul a pratiquée : “ Je suis venue à l’art par la danse. C’est l’une de mes plus grandes passions jusqu’ici” a-t-elle dit. Mais, après avoir intégré la compagnie de théâtre Ami en 2008 en l’espace d’un cillement, pour reprendre ses propres mots, elle a compris quelque chose d’essentiel : “j’ai vite compris qu’il me fallait franchir le rubicon en découvrant ce nouvel univers auquel désormais j’appartenais. Il y avait en moi ce besoin de créer, de jouer, de participer à cette chose qui me dépassait. Je voulais vivre les joies d’une mise scène de théâtre, connaître les tenants et aboutissants. Comprendre comment ça marche. Écouter les autres et surtout apprendre d’eux car le théâtre commençait à devenir de plus en plus épidermique à ma condition de jeune artiste débutante”
A ses débuts, Yvenie n’a pas été trop impliquée dans la vie artistique de Port-au-Prince. Elle dit en revanche qu’elle avait toujours du baume sur le cœur face à l’appréciation et l’engouement du public pour les différentes représentations théâtrales auxquelles elle prenait part soit comme comédienne, soit comme simple spectatrice. Et, de ses premiers pas vers le théâtre à aujourd’hui, elle dit avoir fini par comprendre que “le théâtre est tout. Absolument tout”.
L’un des éléments déterminants dans son parcours de comédienne, c’est la construction de son premier personnage : “Je crois que ça s’est réellement déclenché à la toute fin de l’année 2010, lors de ce magnifique spectacle, « Les masqués » de mon ami Patrice où je jouais mon premier personnage, entièrement créé par mes soins. J’ai tellement pris goût à construire, à questionner et à jouer ce personnage qui, dans la réalité, est plus âgé que moi ; et cela s’est avéré ma véritable porte d’entrée dans cette discipline qui ne me quitte plus depuis” a fait comprendre cette comédienne talentueuse, elle qui a fait ses études primaires et secondaires, respectivement à Roger Anglade, à Marie Reine Immaculée et au collège des Jeunes Filles, avant de poursuivre des études en sciences administratives à l’IHECE.
Du premier rôle à la vocation
Yvenie Paul est modeste lorsqu’elle aborde son évolution en tant que comédienne, de son premier rôle à sa passion ou sa vocation en ce qui concerne le théâtre. Elle n’utilise pas des adjectifs pompeux pour décrire ce qui lui arrive, graduellement, dans le théâtre. Mais, a-t-elle au moins des prestations jugées glorieuses ?
“Je ne saurais parler de prestations glorieuses. Je ne peux même pas citer toutes mes prestations de mémoire car j’ai une perception un peu biaisée du sujet (prestations glorieuses) parce que j’ai le sentiment que mon travail de comédienne se heurte constamment à mon côté de perfectionniste qui souhaite toujours en faire plus. Mais pour les besoins de la question, je dirais que le fait d’avoir joué dans « Les masqués » de Patrice D. Fréderic, « Reconstruction (s) » de Guy Régis Jr. ou encore dans « Victor ou les enfants au pouvoir » avec Michèle Lemoine, a pour moi une valeur plus que symbolique. Ces prestations ont pris une place très à part dans ma chronologie intime et mon amour grandissant pour le théâtre”
Dans son rapport à cette chose assez mystérieuse et énigmatique qu’est le théâtre, le message que véhicule les textes compte beaucoup aux yeux de Yvenie Paul. Elle nous cite quelques-unes des mises en scènes qui l’ont le plus marquée. “À ce stade, je dirais qu’il y en a deux. Primo, « Les Monologues du vagin » de Eve Ensler, pour son discours libérateur sur la condition féminine et tous les aspects qui s’y rapportent. Secundo, « Reconstruction (s) » de Guy Régis Jr. pour son approche poignante des bas-fonds de notre société. Mais, à mon humble avis, la mise en scène qui a eu le plus de succès auprès du public est sans aucun doute « Sara » de Patrice D. Frédéric”.
Du théâtre au cinéma
Yvenie, comme on l’a vu ici, a constamment d’autres passions en dehors du théâtre. Et ces passions qui se renouvellent à chaque fois habitent, comme un territoire, son être le plus intime.
“Il y a de ces disciplines artistiques qui nous travaillent l’esprit comme un jeu d’échec où la nécessité d’avancer le bon pion doit être une décision réfléchie. C’est à peu de chose près la même itération qui existe entre le cinéma avec un grand C et moi. Une discipline dans laquelle j’avance avec beaucoup d’entrain pour pouvoir le comprendre dans sa globalité et aussi en saisir la substantifique moelle”, a dit cette femme qui, pendant des années, prend un immense plaisir à animer des ateliers sur le théâtre pour les jeunes générations puisqu’elle croit énormément dans la transmission et la construction d’une citoyenneté haïtienne.
“Quoique ma stature de comédienne aguerrie ne me permet pas encore d’envisager une carrière à plein temps dans le cinéma et, à défaut, ma cinéphilie vorace quant à elle me pousse à passer des castings, à aller à des rencontres cinéphiliques un peu partout, à prendre part à des productions comme celles de Muska Group, par exemple. Ou encore d’écrire des ébauches d’histoires rien que dans l’idée de me former davantage sur les métiers de cet art en lisant pas mal de bouquins et en consommant pas mal de contenus disponibles sur le septième art” a élaboré Yvenie pour qui le théâtre est cet art qui lui a toujours permis de vivre d’autres vies que la sienne, des vies d’une complexité affolantes pour lesquelles elle dit qu’elle sera toujours reconnaissante tant elles l’apportée et ont portée vers des lieux dont elle ne soupçonnait même pas l’existence.
Sur scène, son existence prend des proportions énormes et elle associe le théâtre au phénomène de la transcendance.
Quant à la suite de la carrière artistique de Yvenie Paul, comédienne aux talents multiples, elle dit envisager d’expérimenter le cinéma et de continuer à trouver, au théâtre, d’autres moments forts : “À dire vrai. J’ai en tête de réaliser un film. Mais ce ne sera pas pour tout de suite. Pour l’instant, je veux pouvoir me donner la possibilité de continuer de fouler des planchers pour jouer, pour permettre au théâtre d’étendre sa voie indélébile vers d’autres horizons inaccessibles. Vers d’autres gens. Mais surtout, permettre au théâtre de continuer d’être ce pourquoi il existe. J’entends par là, un art qui éveille.”
Carl Pierrecq
Yvenie Paul, vue de son parcours
Comme comédienne
2008-2011 : Cercle infernal (Compagnie de théâtre AMI)
2009 : La vie a vaincu la mort (Compagnie de théâtre AMI)
2010 : Les Masquées (Compagnie de théâtre AMI)
2014 : Jugez-nous. (Compagnie de théâtre AMI)
2014-2016-2017 : SARA (Compagnie de théâtre AMI)
2017 : Celles qui veillent (Festival Nègès Mawon)
2017-2018 : Reconstruction (s) de Guy Régis Junior
2014 à 2019 : Ô Théâtre (Compagnie de théâtre AMI).
2019 : Victoire ou les enfants aux pouvoirs
2019 : Monologue du vagin, mise en scène de Billy Elucien et Chelson Ermoza, Festival de théâtre En lisant.
2023 : Deux jours pour oublier, extrait de la Nouvelle de Marie Céline Agnant
Comme actrice
- Kafou de Bruno Moural.
- kidnapping inc
Feuilletons radiophoniques
2015 : Tim Tim
2015-2016 : ZouKouTap
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