Micaëlle Charles : « le théâtre est un cheminement ».

Micaëlle Charles : « le théâtre est un cheminement ».
Credit photo David Duverseau

En Haïti, presque tous les professionnels et les amateurs de théâtre connaissent ce nom. Ils connaissent aussi le visage de Micaëlle Charles, cette comédienne contemporaine qui fait de la scène son sacerdoce.

Née le 3 mai 1998, à Port-au-Prince, Micaëlle est l’une des plus actives comédiennes de sa génération.

Le théâtre et l’étincelle

Si Micaëlle Charles est comédienne, sa rencontre avec cette chose qui s’appelle le théâtre s’est faite de la manière la plus inattendue possible.

“Je suis arrivée au théâtre par ressenti et curiosité. En classe de seconde, j’ai assisté à une pièce de théâtre à mon école et, depuis ce jour, j’ai ressenti une sorte d’étincelle. Je voulais faire ce que je venais d’assister. Puis, en 2017, j’ai intégré les Ateliers Franck Fouché, un atelier de théâtre et de formation dirigé par Jean Cajou”, a-t-elle dit.

“Je venais d’animer une rubrique à l’émission Lecture et compagnie qui se faisait tous les Dimanches à radio Espace Fm, tous mes amis-camarades (dont 4J Rolph, Wasly Simon, Snayder Pierre-Louis, Mackender Jean…) étaient pressés de quitter le studio. Ils m’ont dit qu’ils ne devaient pas être en retard à leur rendez-vous de répétition avec Jean Cajou. Et ils m’ont dit que c’était une répétition de théâtre. Je m’y suis invitée, le jour même j’ai été auditionnée pour faire partie de l’atelier”, a fait savoir la comédienne qui, après son entrée aux Ateliers Franck Fouché, a commencé à faire une étude de droit à l’Université d’Etat d’Haïti.

En observant graduellement le parcours de Micaëlle Charles, on a l’impression que le théâtre, c’est comme une porte du non-retour.  En tout cas, elle y est entrée et n’a jamais regardé en arrière, car depuis Les ateliers Franck Fouché (2017-2019), avec Jean Cajou, d’autres formations en Art Dramatique ont, par la suite, mûri son talent de comédienne. En 2019-2021, elle a travaillé avec Rolando Etienne comme formateur et metteur en scène et en 2020-2022, elle a eu une formation à Acte, une école d’Art dramatique à Port-au-Prince d’où elle est graduée, tout en préparant son travail de sortie.

Alors, qu’est-ce que le théâtre représente dans sa vie ? Et à quel point cet art impacte-t-il son existence personnelle ? Micaëlle croit que cet art de la scène est un peu complexe : “Je dirais que le théâtre m’est à la fois un exutoire, une échappatoire et un reposoir. Parce qu’en réalité, le théâtre est une grande pratique (comme tous les arts d’ailleurs) mais c’est plus comme une pratique de vie. Et il est aussi un processus, un cheminement”.

Quant à sa passion dévorante pour le théâtre, elle l’explique par divers moments et mobilise plusieurs éléments : “ Disons que j’ai eu comme une sorte de déclic quand j’ai assisté à ce spectacle de la compagnie de théâtre Zoflanbo lorsque j’étais au secondaire. Mais, professionnellement, disons que c’était cette tournée réalisée dans le grand Nord, fin octobre/début novembre 2021 alors que j’entamais un premier deuil, qui m’a ouvert la voie plus amplement. Il existe aussi un autre moment clé : dans le cadre de son mini festival “Théâtre citoyen”, l’association Quatre Chemins a repris le spectacle “Domitila, et si on me donnait la parole” en version créole, “Domitila”, toujours avec Rolando Etienne comme metteur en scène. J’ai considéré cette tournée comme un lancement officiel de mon parcours en tant que comédienne (professionnelle), a expliqué Micaëlle qui, en matière de ses expériences de scène, n’entend pas encore parler de glorieuses prestations, puisqu’elle vit le théâtre et l’expérimente encore.

L’écriture et la scène

En dehors du théâtre, Micaëlle Charles a un penchant pour l’écriture. “Jadis j’étais blogueuse et j’ai aussi des textes non encore publiés. Je pratique aussi le chant, un art que je voudrais recommencer à pratiquer régulièrement. J’aime aussi la photographie mais je ne peux pas tout faire hein…”. Pour cette femme, le théâtre n’est rien d’autre qu’un mode de vie, une conscience de soi et de l’autre. Et, par rapport aux gens qui veulent se lancer dans le théâtre, elle pense que ces comédiennes et ces comédiens du futur se doivent de rester curieux et de ne rater aucune occasion de participer à un atelier lié au théâtre, mais aussi d’effectuer des recherches, d’assister aux spectacles et d’être attentifs et intelligents.

Sur le plan du partage et de l’émotionnel, elle considère que ce qui la traverse sur scène, c’est une sorte de don : “Un “don de moi-même” ou encore une sorte de dédoublement. Je ne suis plus, il n’y a que le personnage que j’interprète qui existe. Ou bien, si je suis, c’est pour ne pas laisser mourir le personnage. Je suis là mais en retrait. C’est pour cela que j’aime à dire que les artistes de la scène, particulièrement les comédien.nes, nécessitent un moment “MÉTA”. Tout comme ils.elles ont leur moment zéro avant de monter sur scène, quand ils.elles le quittent je trouve qu’il leur faut un moment pour se détacher du personnage que j’appelle “moment méta”.

Et qu’en est-il de la suite de la carrière artistique de Micaëlle Charles ?  “Avec mes camarades à Acte, dit-elle, nous souhaitons mettre sur pied une structure de femmes artistes en général mais artistes de la scène en particulier. Personnellement, je souhaite écrire du théâtre et réaliser des mises en scènes”. Sinon cette année elle anime l’atelier Lire et jouer Gaëlle Bien-Aimé dans le cadre de la 8ème édition du festival de théâtre En lisant. Elle dirigera une lecture-spectacle de la pièce Tranzit de Gaëlle Bien-Aimé en restitution a cet atelier.

Carl Pierrecq

Micaëlle Charles :
Vue de son parcours de comédienne

-2019. “Domitila, Et si on me donnait la parole” (Texte original, Domitila Barrios de Chungara/ Traduction créole, Jacques Adler Jean Pierre et son équipe), une mise en scène de Rolando Etienne.

-.2021 et 2023- Tournée dans le grand Nord avec la pièce “Domitila”, une mise en scène de Rolando Etienne

-. 2021- “Elle voulait ou croyait vouloir et puis tout à coup elle ne veut plus” d’Andrise Pierre (Devoir de création en groupe pour l’école Acte, dirigé par Stéphanie François)

-2022. “ILLÉGAL”, une création visuelle de Gaëlle Bien-Aimé, festival feministe Nègès Mawon.

-2022.”Jiji ak zanmi l yo” de Andrise, mini-série en ligne, une réalisation de Reginald Louissaint, sous la direction artistique de Gaëlle Bien-Aimé dans le cadre du Festival de théâtre En lisant

-2023.”La route et l’Inconnue” de Luis Bernard Henri, une mise en scène de Kavalye Pierre

-2023. “XI. Tu n’existeras point”, une création de la structure ARTISCENA (Un collectif de femmes artistes)

-2023. “DÉSINCARNÉE”, spectacle de performance suivant un texte et une mise en scène de Nathania Périclès, Festival 4 chemins.

 

Comme assistante a la mise en scène

-2023. “Opéra Poussière”, une adaptation du texte de Jean D’Amérique sur une mise en scène de Stéphanie François a l’Institut Français en Haïti.

-2023. “Do Boule”, une création de Les Ateliers Encriture, mise en scène par Kav-Alye Pierre

 
 
Credit photo de couverture: David Duverseau
Credit Photo: David Duverseau
Avec la courtoisie de Coutechève Lavoie Aupont

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